Page:Faguet - En lisant Nietzsche, 1904.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attitudes et les gestes les plus éloquents pour pouvoir[1] agir, les politiciens révolutionnaires, les socialistes, les prédicateurs, avec ou sans Christianisme, tous ceux qui veulent éviter les demi-succès ; tous ceux-là parlent de « devoirs » et toujours de devoirs qui ont un caractère absolu. Autrement, et ils le savent très bien, ils n’auraient pas droit à leur pathos démesuré : ils le savent fort bien. C’est pourquoi ils s’emparent avidement d’une philosophie de la morale qui prêche un impératif catégorique quelconque (ou bien ils s’assimilent un morceau de religion, comme fit par exemple Mazzini). Parce qu’ils désirent qu’on ait absolument confiance en eux, il faut qu’ils commencent par avoir en eux une confiance absolue, en vertu d’un dernier commandement quelconque, indiscutable et sublime, sans condition, d’un commandement dont ils se sentent les serviteurs et les instruments et dont ils voudraient se faire reconnaître comme les serviteurs et les instruments. Nous trouvons là les adversaires les plus naturels et souvent très influents de l’émancipation morale et du scepticisme ; mais ils sont rares. »

Ne veulent pas, non plus, analyser l’impératif catégorique, ceux-là, beaucoup plus nombreux, qui

  1. Souligné par Nietzsche.