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Définition de cette science. – La géographie se divise en quatre parties : la géographie physique, la géographie mathématique, la géographie historique et la géographie politique.

1o La géographie physique (φυσική) décrit les accidents de la nature (φύσις), les reliefs que présente le globe terrestre, les modifications physiques, la configuration de sa surface partagée en terre et en eaux. Cette géographie comprend deux périodes : la géographie mythique (μυθική) qui se ressent de l’ignorance des temps mythologiques, et la géographie réelle qui est basée sur l’observation scrupuleuse des faits.

2o La géographie mathématique (μαθηματική) nous fait connaître la grandeur de la terre, sa forme et les divisions géométriques établies à sa surface. Elle considère aussi notre globe comme une planète (πλανήτης = errant, sous-ent. ἀστήρ = astre), et elle détermine ses rapports avec les autres corps du système solaire et avec les autres astres. Cette partie de la géographie trouve sa place dans l’astronomie (ἀστρονομίαἀστήρ, étoile, astre, et νόμος, loi) qui expose les lois des astres et du ciel.

3o La géographie politique (πολιτική) traite des différents états, des villes (πόλις), des réunions de citoyens[1], des divisions que les hommes ont établies en se groupant sur le globe. Elle fait connaître les grands corps politiques, leur forme de gouvernement, leur population, leur industrie, etc.

4o La géographie historique (ἱστορική) expose les révolutions qu’ont éprouvées les divisions politiques.

La géographie éclaire l’histoire et l’histoire, à son tour, donne du jour à la géographie. Toutefois la géographie historique doit être développée dans les cours d’histoire. La géographie politique trouve aussi sa place dans l’histoire et dans l’archéologie des différents peuples. La géographie mathématique est exposée dans les traités de cosmographie. Il serait néanmoins difficile d’étudier la géographie physique d’une contrée sans présenter quelques traits de la géographie politique et de la géographie historique qui s’y rattachent. Afin de mieux fixer les noms

  1. Les mots citoyen (pour civitoyen), cité (pour civité), citadin, civil, etc, dérivent du latin civis (autrefois kivis) qui renferme la racine indo-européenne ki. Les latins ont conservé cette racine sous la forme qui, dans quies, sous la forme cu, dans cu-bare, et sous la forme ci (pour ki dans civis. Le civis était l’homme sédentaire, l’homme qui ne menait pas une vie errante et vagabonde. La langue grecque a conservé le même radical sous les formes κεῖ-μαι (je suis couché), κοι-μάω (je couche) et κώ-μη (village).