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préface.

La connaissance du grec ne doit donc pas être seulement le domaine privilégié de quelques hommes spéciaux ; elle doit être considérée à juste titre comme une des connaissances les plus obligatoires pour ceux qui veulent connaître d’une façon satisfaisante la langue française. Nous croyons donc qu’avant d’apprendre l’allemand, langue qui ne sera jamais utile à plus de dix Français sur cent, — il convient d’apprendre la langue française[1]. Or, une foule de mots grecs faisant partie de cette langue, on doit, si l’on veut économiser le temps perdu à feuilleter sans cesse le dictionnaire, apprendre la lexignosie grecque ; on doit s’efforcer de vulgariser la connaissance du grec ; on doit, en un mot, imprimer une vigueur nouvelle à l’enseignement d’une langue que les élèves « apprennent pendant dix ans à détester et à fuir. » Il faut

    des mots inintelligibles, des mots qu’ils saisissent vaguement et sans s’en rendre compte. Les journaux, par exemple, nous offrent des mots grecs presque à chaque ligne. Je prends au hasard les premiers de ces écrits périodiques qui me tombent sous la main. On y parle des théories du cosmopolitisme international, de république démocratique, de démagogie, de monarchie, de la tactique des partis, etc. Il y est question de la nécessité de ramener l’harmonie parmi les conservateurs ; du besoin d’une base politique définie, etc., etc. J’y trouve des éphémérides, des articles nécrologiques, bibliographiques ; on y parle de mélodies, de symphonies dramatiques, avec chœurs ; de ventes de bibliothèques, de télégrammes et de télégraphe, de douleurs névralgiques, de l’eau philocéphale, de volailles phénoménales engraissées mécaniquement et par un procédé des plus économiques, etc., etc., etc.

  1. Dans une brochure, qui paraîtra bientôt, nous ferons voir ce qu’il faut penser de la furia qui porte certains hommes à pousser les élèves de nos établissements secondaires vers l’étude de la langue allemande. Nous montrerons comment il serait facile d’obtenir un groupe suffisant de Français connaissant bien l’allemand, sans qu’il soit besoin de rendre obligatoire l’étude de cette langue, et sans engager dans un travail difficile et inutile un grand nombre d’enfants qui ont à acquérir des connaissances et des aptitudes plus usuelles, plus pratiques et plus profitables.