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Par un changement très fréquent de v en b et en p, la même racine se retrouve, dans l’onomastique des pays celtiques, sous les deux formes ben et pen. Cfr. gaél. et irland. beann (prononc. ben, ban), montagne, sommet ; montagne pointue, pic, corne ; — promontoire ; — languedocien bano, corne) : Benmore (grande montagne), Ben Lomond, etc. On trouve aussi les formes vin, bin.

Penn (tête, sommet, point élevé) s’est conservé dans les noms des Alpes Pennines et des Apennins (cfr. Penochsen = Paimbeuf ; — Penbroke, Penrhyn, Penzance, etc.).


App. M.Thor, Thur et le celt. dur, dor. — Les mots allemands Thor et Thür sont apparentés au celtique [gaél. et irland.] dor (porte), ainsi que aux mots persans der (Derbent), grec θύρα, chaldéen therah qui ont la même signification.

La forme celtique dur (durum) se retrouve dans quelques noms géographiques. Elle se présente, par exemple, dans le nom d’Isarnodurum. La première partie de ce mot composé (isarn) se rapproche, il est vrai, plus de l’allemand que du celtique ; mais elle nous a peut-être conservé la forme dialectale que quelque tribu gauloise donnait au nom du fer. Il peut aussi se faire que le mot primitif ait été légèrement modifié à la suite des invasions tudesques.

Dans la vie de saint Eugendus, abbé dans le Jura [mort vers l’an 510], il est parlé d’un temple nommé en gaulois Isarnodurum (templi gallica lingua Isarnodori, id est ferrei ostii. Acta Sanctorum Bolland., I, janv., p. 50). Ainsi ce nom est

    boisées, aux formes mamelonnées. » Nous ne pensons pas que ces formes aient valu ce nom à ce massif montagneux. Nous ne voyons, d’ailleurs, rien qui autorise à donner à gwen le sens de « courbure. »