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été donné à la chaîne de montagnes qui séparait l’Épire de la Grèce ancienne (Georg. Acropolit., Chronic. compend., cap. 80).

Au même radical celtique (brenn) se rattache le mot de Brenner qui est le plus haut sommet des Alpes tyroliennes. À propos de cette montagne, un chroniqueur disait, vers 1600 : Hic incipiunt juga Rhætica ad radices Pyrenæi montis, quem Germani den Brenner vulgo appellant, de quo Poeta Germanus :

« Cui nive tincta coma est, glacie riget aspera barba. »

L’Ortler. — Le nom de cette montagne peut se rattacher au gaélique ord (montagne), mot qui avait pris en Allemagne la forme Ort (jad. pointe, pic ; extrémité ; fin ; auj. endroit, lieu, place ; cfr. gallois or, limite, extrémité, bord, côte). — Ortler (de Ortle pour Ortlein = kleine Spitze oder Spitzlein, petite pointe ; cfr. le mot franç. ort-eil)[1].

Le Hunnsrück, Hundsrück ou Hunsrück. — Dans l’Allemagne occidentale le Hundsrück ou plutôt Hunsrück (mal traduit par « dos de chien ; » Hund, chien ; Rück [en compos.] et Rücken, dos) nous offre aussi un reste de la vieille langue de la Germanie celtique. Le mot celtique cun (hauteur, haut ; kymr. cyn) a donné la forme hun que l’on retrouve dans le mot allemnand Hüne (géant, colosse)[2]. Ainsi le mot Hunsrück se

  1. On s’est demandé comment on avait donné à la plus haute montagne de l’Allemagne un nom qui offre une finale diminutive, et on a très bien répondu à cette question, en disant qu’il y a à son sommet une petite pointe (eine kleine dünne Spitze). Brandes : Programm von Lemgo, 1853.
  2. Dans la Basse Allemagne, surtout en Westphalie, on emploie le mot Hüne comme synonyme de Riese. De même aussi, dans les traditions populaires des cantons voisins de la Weser, le mot hüne prédomine et les Riesenhügel, Riesengräber sont nommés hünebedde, hünebedden (Bett a, dans ces mots, le sens de