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la pyramide du Wetterhorn ou celle du terrible Schreckhorn), parce que leurs cimes pyramidales figurent à l’œil une dent ou une corne. À côté de ces pyramides gigantesques, on voit des Aiguilles (Nadeln) ou pics effilés qui ont la forme d’aiguilles hautes et élancées.

Les cimes escarpées sont aussi nommées Pic (dans les Pyrénées, Pique) et Pec[1] (cfr. le Speer ; de Speer, lance, objet muni d’une longue pointe ; lat. sparum, sorte de dard). Des roches granitiques (Stein, pierre) hérissées de pointes sont désignées par les mots spitz (pointu ; allongé en pointe ; Spitze, pointe), Stock (bâton ; corps long), Stöckli, et jadis par Staufen (du v. h. all. stauf, roche, pierre ; stouf = Felsenspitze) ; localités : Staufen, Stoffel, Hohenstaufen, près de laquelle s’élève le cône des Hohenstaufen, [du rocher élevé] d’où sortit la famille impériale qui porta ce nom[2].

Les cimes aiguës qui dentèlent l’horizon sont aussi nommées

  1. Du celtique [armor.] pîk ; franç. pic ; cfr. celt. et franç. bec ; occitan. pech, puech, puich, puch, puig, puy, pey, etc. (voy. F., p. 338). Ces formes désignent des pics, des collines, des montagnes : le Pic de Ténériffe, le Pec (hauteur près de Paris), Belpech (= Beaupuy ou Beau-pic), Le Puy, le Puy-de-Dôme (? Mons dominans ; en lat. Duma ou Dumum ; montagne en forme de cône : peut-être du lat. doma, toit, faîte de maison, dôme, et aurait le sens de coupole ou de dôme) ; Puylaurens, Puy-l’Evêque, etc. Près du Puy (Haute-Loire) se trouve le rocher Corneille (celt. cornel, pointe, coin).
  2. À proprement parler Stauf signifiait hauteur escarpée, raide. Cfr. steif (holl. stijf, angl. stiff), raide, inflexible, peu flexible ; Stufe, sommet, faîte ; degré ; gradin ; entaille, fragment de roche ; Stauf, Stufe, éclat de mine). Le mot staufen désignait l’escarpement des pentes d’une montagne, les terrasses qui se succèdent pour passer de l’un à l’autre de ces étages ; les routes en gradins qu’il faut souvent gravir, en un mot, les pentes raides et offrant comme des escaliers formés dans le roc.