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et en y ajoutant un t[1]. Chemin faisant, nous rencontrons une autre altération de noms qui n’a pas coûté tant de peine que la précédente, rue Française au lieu de rue Françoise, nommée ainsi en l’honneur de François Ier, qui en ordonna le percement. C’est aussi d’après le même procédé, qu’on a imaginé un Vitry-le-Français, qui ferait songer à un Vitry-l’Allemand ; tandis que cette ville avait tout simplement ajouté à son nom celui du roi qui avait été son bienfaiteur.

Le nom du Ranelagh, bien connu à Paris, est prononcé comme s’il offrait un mot allemand (Rennlag ; — qu’on croirait dérivé de rennen, courir ; ou de Renn = Rennthier, renne ; et de Lage [lieu où une chose est placée], situation, position ; site ; gisement), tandis qu’il dérive du nom de Raghnallach, propriété d’un Irlandais (lord Ranelagh, Raghnall ; irl. lagh, colline), dans laquelle on avait établi un bal public.

On en arrive ainsi à faire des jeux de mots et à tourner les

    étonnant, en effet, qu’on eût dit « porte d’en fer » et que la rue ait pris le nom de cette porte qui reçut, à la fin du xive siècle, le nom de porte Saint-Michel.

  1. En 1878, on a vu comment de bonnes gens expliquent à leur manière les plaques indicatrices des rues. Deux hommes ont été appelés en témoignage devant le juge d’instruction. — Où demeurez-vous ? interroge le magistrat. — Rue de l’Araignée. — Premier étonnement du juge qui néanmoins poursuit : — Et vous ? — Rue Charlevay. — Second étonnement du magistrat qui reprend avec sévérité : — Il n’existe à Paris aucune rue portant ces noms-là. Vous voulez en imposer à la justice !

    Les témoins se confondent en protestations. Enfin, au bout de dix minutes et de déduction en déduction, tout s’explique : l’un habitait la rue de la Reynie et, comme pour lui ce nom n’avait pas de sens, il l’avait interprété comme étant l’orthographe naturelle de l’araignée ; l’autre logeait rue Charles V, qu’il prononçait rue Charlevay, parce qu’il ignorait les mystères des chiffres romains et qu’il prenait le chiffre V pour la lettre v.