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cienne de Berlin est celle que deux bras de la Sprée entourent et qui comprend l’île nommée Kölln ou Koeln qui prit le nom de Koeln an der Spree (Cologne-sur-la-Spree), pour la distinguer de Cöln ou Köln (abréviation de Colonia Agrippina) sur le Rhin.

La berlinoise Köln devrait son nom aux colons chrétiens qu’Albert l’Ours fit venir des bords du Rhin, de la Flandre et de la Hollande. Le fait de l’établissement de ces colons à Berlin est certain. Toutefois, on a rattaché au slave le nom de Köln. On dit, en effet, que ce lieu était peuplé de pêcheurs wendes, lesquels avaient nommé cet endroit Kolne, Kollen, ou, comme on écrit encore aujourd’hui, Kölln, mot qui a le sens « d’exhaussement, » d’élévation formée dans un terrain marécageux, et qui correspond à l’idée exprimée par le mot Pfahl (pilotis). Ce nom indiquerait que les premières habitations de ce qui forme l’île de la Sprée, furent des Pfahlhäuser ou des cabanes analogues à celles que l’on a nommées « habitations lacustres. »


App. F.Changements de noms amenés par l’inintelligence des noms originaux ; — étymologies fantaisistes, calembourgs. — Le désir de trouver un sens à des noms incompris occasionne souvent de curieuses transformations de ces noms. Ainsi, à Paris, l’ancienne rue aux Ouës, habitée de temps immémorial par les rôtisseurs d’oies, en vieux langage as oues, est devenue, par la plus absurde et la plus facile des altérations, la rue aux Ours, et les plaisants de la période de 1830 à 1848, y plaçaient l’état-major des bonnets à poil de la ci-devant garde nationale[1]. Les rues du Grand Hurleur et du Petit

  1. Cette rue est située à deux pas du Conservatoire des Arts et Métiers, qui était autrefois l’abbaye de Saint-Martin. La fête du grand évêque de Tours tombe à l’époque où les oies sauvages se mettent en marche pour gagner des climats plus chauds, et à