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Federvieh mausert). Mais on a objecté que cette combinaison répugne à la langue slave.

Vilovski propose une autre étymologie slave. Trouvant que bar, bara, brljina, en slave, signifie « un bourbier » (ein Pfuhl), une mare, et supposant que jadis la Sprée a dû former, en ce lieu, un marécage, il pense que de brljina on a fait berljina et Berlin (Wanderer, 1872). Cette étymologie ne nous paraît pas improbable.

Nous admettrons volontiers que l’emplacement de Berlin était jadis marécageux et qu’il devint plus tard une prairie. Or, précisément, ce trait caractéristique est indiqué par un mot celtique bien connu (linn, marais). Le géographe allemand H. A. Daniel indique lui-même une étymologie celtique du mot Berlin, dans laquelle il découvre les deux éléments ber (petit) et lyn lac[1]. Le préfixe ber, peut, en effet, se rattacher au gaél. bearr et au gallois ber (court). Mais on peut tout aussi bien le dériver de bar (p. 110) et admettre que Berlin signifie le « marais [la partie marécageuse qui constitua le Gänsewerder et ce que l’on a nommé « le Berlin »] de la forteresse » ou « du bâtardeau. » La construction celtique permettrait aussi de traduire Berlin par « forteresse du marais. »

La capitale des Prussiens porterait donc un nom celtique. Nous n’ignorons pas que l’on repousse, à ce sujet, les étymologies celtiques, parce que, dit-on, les Celtes n’ont jamais habité dans ce pays. Mais nous savons aussi que cette opinion n’est fondée que sur une conception tout à fait fausse de la géographie et de l’ethnographie de la Germanie ancienne.

La partie qu’on peut justement regarder comme la plus an-

  1. Dächte man an eine Ableitung aus dem Celtischen, so bedeutet ber klein, kurz, und lyn See. (Deutschland, tom. II, p. 427.)