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aussi un îlot fortifié[1]. Le pays d’Auge, en Normandie, tire son nom des marais et des pâturages qui l’environnent ; Eu (jad. Auga, Oca), ville de Normandie, située au milieu de prairies. L’île d’Oye (au pays d’Aulnis) s’appelait Ogia.

Holm, éminence, colline ; petite île et particulièrement petite île située dans une rivière ou dans un lac ; presqu’île ; terrain près de l’eau ; chantier. Ce nom a été rattaché au suéd. hol, angl. hill, colline, qui dérivent de hoch, jad. hoh, haut ; on peut le regarder comme une forme de Helm [casque, couverture en voûte, abri ; couvert, protection] ; de sorte que Holm aurait signifié un lieu abrité, entouré par les eaux[2] : Bornholm (nom que l’on suppose contracté de Burgundar-holm, îles des

  1. Les crannoges (irland. crannog, habitation ; bateau : crann, arbre, mât ; barre, pilotis) sont des îlots pilotés, des îlots lacustres, souvent immergés en hiver, mais que l’on a exhaussés au moyen de pilotages, d’empierrements, pour les rendre habitables en toute saison ; cfr. irland. ogh, pointe, coin ; lieu saint, sacrė ; irl. et gaél. uagh, manx oghe, ooig, cornique ogo, gallois ogov, ogof, antre, abri souterrain. Tous ces mots indiquaient plus particulièrement des « habitations dans une île artificielle d’un lac, » et ensuite un lieu abrité : Greenoge (irland. lieu exposé au soleil : grian, soleil), Fearnoge = Farnagh (lieu des aunes : fearna, aune ; — cfr. Ferney).
  2. Toutefois, l’idée fondamentale, exprimée par ce mot, paraît être celle de « terrain qui s’élève sur l’eau. » Holm est ainsi apparenté à un mot slave qui se présente sous les formes golm, chlum, chlom, et qui signifie élévation de terre, exhaussement, éminence. Le nom de la ville de Culm nous présente une forme de la même racine. Près de cette ville, on trouve Cölln (jadis Colno), qui nous en offre une autre forme. C’est croyons-nous avec raison qu’on a expliqué par la même racine le nom de Cölln, partie de Berlin, île formée par deux bras de la Sprée. On a traduit et expliqué Cölln par Cologne (Colonia), parce qu’Albert l’Ours peupla ce pays au moyen de colons chrétiens qu’il fit venir des bords du Rhin et des Pays-Bas.