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Deux des constructions ainsi érigées, la théorie de Newton et celle de Huyghens ont subsisté.

La première, la théorie de l’émission admet que tout corps lumineux lance à travers l’espace des particules d’une nature spéciale ayant une action sur le sens de la vue. Elle reprend les systèmes analogues des anciens. Épicure, Democrite, Lucrèce avaient assimilé la lumière aux sons et aux odeurs en admettant la projection par la source de corpuscules infimes.

Newton était déjà le créateur de la théorie du son, d’un caractère tout différent. Pour nous qui avons appris de nos maîtres à cataloguer les esprits dans des séries immuables, combien il est difficile d’admettre que ces deux théories si radicalement différentes soient issues du même cerveau ! Faut-il que notre éducation scientifique crée des associations et des idoles tenaces pour que nous apparaisse comme innée, comme une sorte de sens, la tendance furtive qui nous fait grouper dans les mêmes cadres les phénomènes les plus différents, pourvu qu’ils aient quelques points de contact ! Les lois de la réflexion, de la trajectoire rectiligne, l’existence d’une vitesse de propagation, il nous semble que tout cela entraînait inéluctablement l’hypothèse d’un mouvement vibratoire. Newton ne s’y arrêta pas ; et cependant sa théorie qui connut tant de fortunes diverses donne encore à réfléchir aujourd’hui.