feuille de papier que nous froissons ensuite. Malgré la déformation, les éléments des coïncidences seront encore exacts et l’observation demeurera d’accord avec eux, car aucune des coïncidences n’aura été changée ou détruite. La déformation subie par la feuille à deux dimensions dans l’espace à trois dimensions ne diminue en rien la valeur scientifique des résultats qu’elle porte. De même les lois naturelles doivent nous fournir des coïncidences intrinsèques, c’est-à-dire se mettre sous une forme indépendante des axes. Cet exemple nous fait concevoir facilement que, rapportés à des systèmes d’axes inaccoutumés, les phénomènes naturels puissent paraître surprenants.
Je prends un autre exemple. Si dans les équations d’un point matériel j’introduis un terme caractéristique de la force centrifuge, on en peut aussi bien conclure la rotation d’un système d’axes autour du point que du point autour d’un axe. Je puis donc ici indifféremment considérer que j’ai affaire à une force centrifuge fictive propriété du système d’axes en rotation ou bien à une force centrifuge réelle agissant sur le point matériel. Les observateurs entraînés sur le système d’axes qui est leur monde ou, comme on dit, leur continu, auront à choisir entre les deux suppositions.
J’insiste sur cette idée en rappelant une image de Poincaré. Un savant placé sur la planète