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VII

LES ÉPEIRES. — MA VOISINE

Dans ses traits essentiels, le talent des Épeires n’est pas modifié par l’âge. Comme travaillaient les jeunes, ainsi travaillent les vieilles, riches de l’expérience d’une année. Dans leur corporation, pas d’apprentis et pas de maîtres ; dès la pose du premier fil, chacune sait à fond son métier. Renseignés sur les débutantes, interrogeons maintenant leurs aînées ; informons-nous de ce que les exigences de l’âge leur imposent de plus.

Juillet commence, et je suis servi à souhait. Tandis que sur les romarins de l’enclos la population nouvelle ourdit ses cordages, un soir, aux dernières lueurs du crépuscule et devant ma porte, je fais trouvaille d’une superbe Araignée à puissante bedaine. C’est une matrone, celle-ci ; elle date de l’année dernière ; sa majestueuse corpulence, si exceptionnelle en cette saison, hautement l’affirme. J’y reconnais l’Épeire angulaire (Epeira angulata, Walck.), costumée de gris avec deux galons sombres qui lui cernent les flancs et convergent en pointe à l’arrière. De droite et de gauche, elle se gonfle la base du ventre en bref mamelon.

Cette voisine, voilà bien mon affaire, à la condition qu’elle travaille à des heures non trop tardives. Les choses s’annoncent bien ; je surprends la ventrue qui