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III

LA LYCOSE DE NARBONNE. — L’INSTINCT DE L’ESCALADE

Le mois de mars finit, et, par un temps superbe, aux heures les plus chaudes de la matinée, le départ des jaunes commence. Chargée de sa marmaille, la mère Lycose est hors du terrier, accroupie sur le parapet de l’embouchure. Comme indifférente à ce qui se passe, elle laisse faire, sans encouragement et sans regret. S’en va qui veut, reste qui veut.

Maintenant les uns, maintenant les autres, à mesure qu’ils se sentent saturés de soleil, les petits quittent la mère par escouades, trottinent un moment sur le sol, puis gagnent vite le treillis de la cloche, qu’ils escaladent avec une singulière ardeur. Ils passent à travers les mailles, ils grimpent là-haut tout au sommet de l’acropole. Sans exception aucune, tous se portent dans les hauteurs, au lieu d’errer sur le sol, comme il était rationnel de s’y attendre d’après les habitudes éminemment terrestres des Lycoses ; tous gravissent le dôme, manœuvre étrange dont je ne soupçonne pas encore l’utilité.

L’éveil m’est donné par l’anneau vertical terminant la cloche. Les jeunes y accourent. C’est pour eux un portique de gymnase. Dans son ouverture, ils tendent des fils ; ils en disposent d’autres allant de l’anneau