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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

dronnier la restaurent, lui servent, en quelque sorte, l’aliment plastique, l’aliment qui s’incorpore à l’ensemble et fait partie du tout.

Mais serait-elle récemment sortie des ateliers de construction, elle est encore inerte. Pour devenir apte à se mouvoir, il faut que le chauffeur lui fournisse l’aliment énergétique, c’est-à-dire lui allume quelques pelletées de houille dans le ventre. De cette chaleur se fera travail mécanique.

Ainsi de l’animal. Comme rien ne se fait avec rien, l’œuf fournit d’abord les matériaux du nouveau-né ; puis des aliments plastiques, chaudronniers des êtres vivants, accroissent le corps jusqu’à certaines limites et le remettent à neuf à mesure qu’il s’use. En même temps, sans discontinuer, fonctionne le chaufleur. Le combustible, source de l’énergie, ne fait dans l’orgvanisme qu’une station temporaire ; il s’y consume et fournit la chaleur, d’où dérive le mouvement. La vie est un foyer, Chaulfée par son manger, la machine animale se meut, chemine, s’élance, bondit, nage, vole, met en branle de mille manières son outillage de locomotion.

Revenons aux jeunes Lycoses. Jusqu’à l’époque de leur émancipation, elles ne prennent aucun accroissement. Telles je les voyais naissantes, telles je les retrouve sept mois après. L’œuf a fourni les matériaux nécessaires à leur minuscule charpente ; et comme, pour le moment, les pertes de substance usée sont excessivement réduites, nulles même, un surplus d’aliments plastiques est inutile tant que la bestiole ne grandira pas. Sous ce rapport, l’abstinence prolongée n’offre aucune difficulté. Mais il reste l’aliment énergétique,