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LA LYCOSE DE NARBONNE

une autre famille aussi populeuse que celle d’aujourd’hui.

Encore une fois, de quoi se sustentent les petits ? Pour suffire aux dépenses vitales de la bestiole, on n’ose songer à des réserves venues de l’œuf, surtout quand ces réserves, si voisines de rien, doivent s’économiser en vue de la soie, matière d’importance capitale, dont il se fera tantôt copieux usage. Autre chose doit être en jeu dans l’activité de l’animalcule.

Avec l’inertie se comprendrait l’abstinence totale : l’immobilité n’est pas la vie. Mais les jeunes Lycoses, bien que d’habitude tranquilles sur le dos de la mère, ne cessent d’être prêtes au mouvement et à la rapide escalade. Tombées de la voiture maternelle, vite elles se relèvent, vite elles grimpent le long d’une patte et remontent là-haut. C’est superbe de prestesse et d’animation.

Et puis, une fois en place, il faut conserver dans l’amas un équilibre stable ; il faut tendre et raidir ses petits membres pour se maintenir accrochée aux voisines. En réalité, de repos complet, il n’y en a pas pour elles.

Or la physiologie nous dit : pas une fibre ne travaille sans une dépense d’énergie. Assimilable, dans une large mesure, aux machines de notre industrie, l’animal exige, d’une part, la rénovation de son organisme usé par l’exercice, d’autre part, l’entretien de la chaleur transformée en mouvement.

On peut le comparer à la locomotive. En travaillant, la bête de fer détériore par degrés ses pistons, ses bielles, ses roues, ses tubes de chauffe, qu’il faut, de temps en temps, remettre en bon état. Le fondeur et le chau-