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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

Je viens d’apprendre un point essentiel de votre histoire, un détail sans lequel tout le reste de mes recherches n’avait aucune chance d’aboutir. Mes soupçons du début, très rationnels du reste, étaient mal fondés. Au lieu de s’établir sur l’yeuse, à l’exemple de la mère, les jeunes descendent à terre, au pied de l’arbre natal. Ils y trouvent, dans la mousse et les feuilles mortes, un abri plus ou moins frais qui les restaure de ses exsudations, du moins au début.

Et plus tard, de quoi vivent-ils ? — Je ne suis pas en mesure de le dire. Cinq à six jours, je les vois stationner en troupeau au même point. Nul ne s’écarte du groupe, nul ne descend dans le terreau. Puis le nombre diminue ; petit à petit tous disparaissent, évaporés pour ainsi dire, revenus à ce rien qu’ils avoisinaient de si près. L’assemblée d’atomes n’a pas laissé de traces.

Apparemment le pot à fleurs planté d’un chêne vert ne remplissait pas bien les conditions de prospérité. Il eût fallu en même temps du gazon, du gramen à rhizomes, enfin un fouillis de végétation herbacée, riche de radicelles peu profondes où les petits Kermès auraient implanté leur suçoir. Est-ce bien cela ?

Je m’en informe dans la campagne, au pied des yeuses que j’avais reconnues bien peuplées en mai. Les familles de poux sont là certainement, dans un médiocre rayon d’étendue, car les chétives bestioles sont incapables d’un voyage lointain. Je scrute la végétation variée occupant le sol autour de l’arbre ; je fouille, j’extirpe, et patiemment, la loupe en main, j’examine une par une les racines et les souches arrachées. Continuée à bien des reprises, tant en hiver qu’en automne, la pénible investigation n’aboutit pas ; l’animalcule est introuvable.