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XXIII

LE SCORPION LANGUEDOCIEN. — LA FAMILLE

La science des livres est une médiocre ressource dans les problèmes de la vie ; à la riche bibliothèque est ici préférable l’assidu colloque avec les faits. En bien des cas, il est excellent d’ignorer ; l’esprit garde sa liberté d’investigation et ne s’égare pas en des voies sans issue, suggérées par la lecture. Encore une fois, je viens d’en faire l’expérience.

Un mémoire d’anatomie, œuvre d’un maître cependant, m’avait appris que le Scorpion languedocien a charge de famille en septembre. Ah ! que j’aurais mieux fait de ne pas le consulter ! C’est bien avant cette époque, sous mon climat du moins ; et, comme l’éducation est de brève durée, je n’aurais rien vu si j’avais attendu le mois de septembre. Une troisième année de surveillance s’imposait, fastidieuse d’attente, pour assister enfin au spectacle que je prévoyais de haut intérêt. Sans des circonstances exceptionnelles, je laissais passer la fugace occasion, je perdais un an, et peut-être même j’abandonnais la question.

Oui, l’ignorance peut avoir du bon ; loin des chemins battus le nouveau se rencontre. Un de nos plus illustres maîtres, qui ne se doutait guère de la leçon donnée, me l’avait appris autrefois. À l’improviste, un jour,