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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

du soir, il n’y a pas de chez soi, respecté d’autrui. Tout est à tous. Sous la première tuile venue se glisse qui veut, sans protestation de l’occupant. On sort, on se promène, on rentre au hasard des cases rencontrées. Les ébats crépusculaires terminés, ainsi se forment des groupes de trois, de quatre, parfois davantaire, sans distinction de sexe, qui, l’un contre l’autre dans l’étroit logis, passent ensemble le reste de la nuit et la journée du lendemain. C’est là d’ailleurs un chalet provisoire, échangé pour un autre la soirée d’après, suivant les caprices des promeneurs. La demeure fixe n’est usitée qu’en mauvaise saison. Et cette bohème errante vit parfaitement en paix. Entre eux jamais de noise sérieuse, seraient-ils cinq ou six dans la même chambrée.

Or cette tolérance ne règne qu’entre adultes, un peu, sans doute, par crainte de représailles. À ce motif de rapports pacifiques s’en adjoint un autre, plus impérieux : la concorde est nécessaire aux rencontres où doit se préparer l’avenir. Les caractères s’adoucissent donc, mais non en plein ; il y a toujours des appétits pervers chez les femelles qui prochainement vont entrer en gésine.

Autant elles seront débonnaires au milieu de leurs fils d’éclosion récente, autant elles se montrent haineuses à l’égard des jeunes, déjà grandelets, mais non encore nubiles. Pour elles comme pour l’ogre de nos contes, l’enfant rencontré en chemin est un tendre morceau, rien de plus.

Le souvenir me vient toujours présent de l’odieux spectacle que voici. Un étourdi, n’ayant guère que le tiers ou le quart des dimensions finales, passe, ne songeant à mal, devant la porte d’une case. La grosse