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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

taille. Au besoin, je les excite, je les pousse à la rencontre. Je sais déjà que tous les coups de queue ne portent réellement pas ; bien des fois ce sont de simples taloches. Économe de son venin et dédaignant de piquer lorsqu’il n’y a pas urgence, le Scorpion repousse l’importun d’un brusque revers de la queue, sans faire usage de l’aiguillon. Dans les diverses épreuves ne compteront que les coups suivis d’une blessure saignante, preuve de la pénétration du dard.

Happée des pinces, la Mante prend aussitôt la pose spectrale, les pattes à scies ouvertes et les ailes déployées en cimier. Ce geste d’épouvantail, loin d’avoir du succès, favorise l’attaque ; le dard plonge entre les deux pattes ravisseuses, tout à la base, et quelque temps persiste dans la plaie. Quand il sort, une gouttelette de venin suinte encore à la pointe.

À l’instant, la Mante replie les pattes en une convulsion d’agonie. Le ventre a des pulsations, les appendices caudaux oscillent par saccades, les tarses ont de vagues frémissements. Au contraire, les pattes ravisseuses, les antennes et les pièces de la bouche sont immobiles. À cet état, en moins d’un quart d’heure, succède l’inertie complète.

Le Scorpion ne combine pas ses coups ; il frappe au hasard tout point à sa portée. Cette fois, il vient d’atteindre une partie éminemment vulnérable, à cause de la proximité des principaux centres nerveux ; il a piqué la Mante à la poitrine, entre les pattes ravisseuses, précisément au point que blesse la Tachyte manticide dans le but de paralyser sa proie. La manœuvre est fortuite et non intentionnelle ; le butor n’en sait pas aussi long que l’Hyménoptère sur l’anatomie. La chance venant