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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

quel des saisons entières. Sur la fin de l’hiver, en mars mieux qu’en toute autre saison, la Lycose semble désireuse de se donner un peu plus de large. C’est le moment de la soumettre à certaines épreuves.

On sait que le Grillon champêtre, extrait de son terrier et mis sous cloche dans des conditions qui lui permettraient de se creuser un nouveau domicile si le désir lui en venait, préfère vagabonder d’un abri fortuit à l’autre, ou plutôt ne songe plus à se créer une habitation permanente. Il y a pour lui une courte saison où s’éveille, impérieux, l’instinct de la galerie souterraine. Cette saison passée, l’artiste excavateur, accidentellement privé de son chez soi, devient errant bohème, insoucieux d’un logis. Il y a perdu ses talents et couche à la belle étoile.

Que l’oiseau délaisse son art de constructeur de nids quand il n’a pas de couvée à soigner, c’est d’une parfaite logique ; il édifie pour sa famille, et non pour lui. Mais que dire du Grillon, exposé à mille mésaventures hors de sa demeure ? La protection d’un toit lui serait très utile, et l’étourdi n’y songe pas, quoique vigoureux et apte mieux que jamais à fouir de sa robuste mâchoire.

Quelle raison donner de cette négligence ? Aucune, si ce n’est que l’époque des fouilles opiniâtres est passée. Les instincts ont leur calendrier. À l’heure requise. brusquement ils s’éveillent ; brusquement ils s’endorment après. L’ingénieux devient l’inepte quand est finie la période réglementaire.

En pareil sujet, l’Araignée des garrigues est à consulter. Sous cloche, dans un terrier où j’ai préparé un sol de son goût, je loge une vieille Lycose apportée, le