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XVI

L’ARAIGNÉE CLOTHO

Celle-ci s’appelle Clotho de Durand (Clotho Durandi, Latr.). en souvenir de celui qui, des premiers, appela l’attention sur cette Aranéide. S’en aller dans l’éternité avec le sauf-conduit d’une petite bête qui sauvegarde de l’oubli, si vite venu sous les roquettes et les mauves, n’est pas avantage à dédaigner. La plupart disparaissent sans laisser un écho qui répète leur nom ; ils sont ensevelis dans l’oubli, la pire des sépultures.

D’autres, parmi les naturalistes, afin de surnager un peu, ont pour esquif la dénomination donnée à tel ou tel autre objet des trésors de la vie. Une croûte de lichen sur les vieilles écorces, un brin d’herbe, une frêle bestiole, transmettent un nom à l’avenir aussi vaillamment que le ferait un nouvel astéroïde. Malgré ses abus, elle est infiniment respectable, cette façon d’honorer les disparus. Pour graver une épitaphe de quelque durée, où trouver mieux que l’élytre d’un scarabée, la coquille d’un colimaçon, la toile d’une araignée ? Le granit ne les vaut pas. Confiée à la pierre dure, une inscription s’efface ; confiée à l’aile d’un papillon, elle est indestructible. Donc, va pour Durand.

Mais que vient faire ici Clotho ? Est-ce par caprice de nomenclateur, à court de syllabes pour dénommer le