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L’ARAIGNÉE LABYRINTHE

nids incomplets étaient disposés à quelque distance du sol, dans l’épaisseur de la broussaille ; les autres, munis d’une assise de sable, reposaient à terre, au contraire.

La marche du travail explique ces différences. Le béton de nos maçonneries s’obtient par la manipulation simultanée du cailloutis et du mortier. De même l’Araignée mixtionne le ciment de la soie et les granules sablonneux ; les filières ne cessent de fonctionner, tandis que les pattes jettent sous le flot agglutinatif les matériaux solides cueillis dans l’immédiat voisinage. L’opération serait impraticable s’il fallait, après chaque grain de sable cimenté, suspendre le travail des filières et aller chercher à distance d’autres éléments pierreux. Ces matériaux doivent se trouver sans recherches sous les pattes ; sinon l’Araignée y renonce et continue tout de même son ouvrage.

Dans mes cloches, le sable est trop loin. Pour en avoir il faudrait quitter le haut du dôme où le nid se bâtit avec l’appui du treillis, il faudrait descendre à un empan de profondeur. L’ouvrière se refuse à ce déplacement qui, répété pour chaque grain, rendrait trop difficultueuse la marche de la filature. Elle s’y refuse aussi lorsque, pour des motifs dont je n’ai pas le secret, l’emplacement choisi se trouve à quelque élévation dans la touffe de romarin. Mais si le nid touche le sol, le rempart de pisé ne fait jamais défaut.

Verrons-nous dans ce fait la preuve d’un instinct modifiable, soit en voie de décadence et négligeant par degrés ce qui fut la sauvegarde des ancêtres, soit en voie de progrès et s’acheminant, avec des hésitations, vers l’art de la maçonnerie ? Il n’est permis de conclure ni dans un sens ni dans l’autre. L’Araignée labyrinthe