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IX

LES ÉPEIRES. — LE FIL TÉLÉGRAPHIQUE

Des six Épeires objet de mes observations, deux seulement, la fasciée et la soyeuse, se tiennent constamment sur leurs toiles, même aux ardeurs d’un violent soleil. Les autres ne s’y montrent, en général, qu’à la nuit close. À quelque distance du filet elles ont, dans les broussailles, une retraite sommaire, une embuscade formée de quelques feuilles que rapprochent des fils tendus. C’est là que le jour, le plus souvent, elles stationnent, immobiles et recueillies.

Mais cette vive lumière qui les importune est la joie des champs. Alors, mieux que jamais, l’Acridien bondit, et divague la Libellule. D’ailleurs la nappe à gluaux, malgré les déchirures de la nuit, est d’ordinaire en état de servir encore. Si quelque étourdi s’y laisse prendre, l’Araignée, retirée au loin, ne saura-t-elle profiter de l’aubaine ? N’ayons crainte. À l’instant elle arrive. Avertie comment ? Expliquons l’affaire.

La trépidation de la toile, bien mieux que la vue de l’objet, donne l’éveil. Une expérience très simple le démontre. Sur les gluaux d’une Épeire fasciée, je dépose un Criquet asphyxié à l’instant même par le sulfure de carbone. La pièce morte est mise en place soit en avant, soit en arrière, soit sur les côtés de l’Araignée, station-