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UN VIRUS DES INSECTES

d’une Tenthrède verte dont la larve vit en nombreuses familles sur le feuillage de l’aulne. Élevée sous cloche, cette larve m’approvisionne en menus crottins noirs, de quoi remplir un dé à coudre. Cela sufit. L’urtication est très nette.

Je poursuis avec des insectes à transformations incomplètes. Mes récents élevages m’ont valu toute une collection de crottins d’orthoptères. Je consulte ceux de l’Éphippigère des vignes et du gros Criquet cendré. Les uns et les autres s’affirment urticants à un degré qui me fait regretter une dernière fois ma prodigalité.

Tenons-nous-en là ; ainsi l’exigent mes bras, qui, tatoués de carrés rouges, se refusent à recevoir de nouveaux stigmates. Les exemples sont assez variés pour dicter la conclusion que voici : le virus de la processionnaire se retrouve dans une foule d’autres insectes, apparemment même dans la série entière. C’est un produit urinaire inhérent à l’organisme entomologique.

Les déjections des insectes, surtout celles qui sont évacuées à la fin de la métamorphose, contiennent des urates, ou même en sont presque entièrement composées. La matière urticante serait-elle l’inévitable associée de l’acide urique ? Elle devrait alors faire partie de l’excrément de l’oiseau et du reptile, si abondant en urates. Encore un soupçon digne du contrôle de l’expérience.

Pour le moment, il m’est impossible d’interroger le reptile ; il m’est facile, au contraire, d’interroger l’oiseau, dont la réponse suffira. J’accepte ce que m’offre le hasard : un insectivore, l’hirondelle, et un granivore, le chardonneret. Eh bien, leurs déjections urinaires, débarrassées avec soin des résidus digestifs, n’ont pas le