Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, sixième série, 1897 (IA souvenirsentomol06fabr).pdf/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
LE SISYPHE. — INSTINCT DE LA PATERNITÉ

lir une parcelle de ciment aux lieux fangeux, ce n’est pas là travail au-dessus de ses forces. Il pourrait très bien collaborer, au moins comme manœuvre, bon à cueillir ce que la mère, mieux entendue, mettrait en place. Le véritable motif de son inaction c’est l’ineptie,

Chose étrange : l’hyménoptère, le mieux doué des insectes industrieux, ne connaît pas le travail paternel. Lui, en qui les exigences des jeunes sembleraient devoir développer de hautes aptitudes, il reste aussi borné qu’un papillon, dont la famille coûte si peu à établir. Le don de l’instinct échappe à nos prévisions les mieux fondées.

Il nous échappe si bien, qu’à notre extrême surprise se trouve, chez le manipulateur de fiente, la noble prérogative dont le mellfére est privé. Divers bousiers pratiquent les allégements du ménage et connaissent la puissance du travail à deux. Rappelons-nous le couple Géotrupe préparant de concert le patrimoine de la larve ; remettons-nous en mémoire le père qui prête à sa compagne le concours de sa robuste presse dans la fabrication des boudins comprimés. Mœurs familiales superbes, bien étonnantes au milieu de l’isolement général.

À cet exemple, unique jusqu’ici, des recherches continuées dans cette voie mme permettent aujourd’hui d’en adjoindre trois autres, d’intérêt non moindre : et tous les trois nous sont encore fournis par la corporation des bousiers. Je vais les exposer, mais en abrégeant, car bien des points répéteraient l’histoire du Scarabée sacré, du Copris espagnol et des autres.

Le premier nous vient du Sisyphe (Sisyphus Schœfferi, Lin.), le plus petit et le plus zélé de nos rouleurs de pilules. Nul ne l’égale en vive prestesse, gauches cul-