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SOUVENIRS ENTOMOLOGIQUES

importun. Qu’il s’en aille coqueter ailleurs ; il troublerait la grave affaire,

La plupart des insectes pratiquent pareille éducation sommaire. Ils n’ont qu’à faire choix du réfectoire où s’établira la famille, aussitôt éclose, ou bien de l’emplacement qui permettra aux jeunes de trouver d’eux-mêmes les vivres à leur convenance. Nul besoin du père en ces divers cas. Après la noce, le désœuvré, désormais inutile, traîne donc quelques jours encore vie languissante el périt enfin sans avoir donné le moindre concours à l’installalion des siens.

Les choses ne se passent pas toujours avec cette rudesse. Il est des tribus qui assurent une dot à leur famille, qui lui préparent d’avance Le vivre et le couvert. L’hyménoptère, notamment, est maître dans l’industrie des celliers, des jarres, des outres où s’amasse la pâtée de miel destinée aux jeunes ; il connaît à la perfection l’art des terriers où s’empile la venaison, nourriture des vermisseaux.

Or à cette œuvre énorme, tout à la fois de construction et d’approvisionnement, à ce labeur où se dépense la vie entière, la mère seule travaille, excédée de besogne, exténuée. Le père, grisé de soleil aux abords du chantier, regarde faire la vaillante, et se tient quitte de toute corvée lorsqu’il a quelque peu lutiné les voisines.

Que ne lui vient-il en aide ? Ce serait le cas où jamais. Que ne prend-il exemple sur le ménage des hirondelles, apportant l’une et l’autre sa paille, sa motte de mortier à l’édifice, son moucheron à la couvée ? Il n’en fera rien, alléguant peut-être pour excuse sa faiblesse relative. Mauvaise raison : découper une rondelle de feuille, ratisser du coton sur une plante veloutée, cueil-