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l’entraîner à sa suite et pénétrant lui-même le premier à reculons ? Les divers hyménoptères déprédateurs que j’ai pu observer jusqu’ici entraînent immédiatement, sans aucun préliminaire, au fond de leurs cellules, le gibier retenu sous le ventre à l’aide des mandibules et des pattes intermédiaires. Le Cerceris de L. Dufour commence à compliquer ses manœuvres, puisque, après avoir momentanément déposé son Bupreste à la porte du logis souterrain, il entre tout aussitôt à reculons dans sa galerie pour saisir alors la victime avec les mandibules et l’entraîner au fond du clapier. Il y a encore loin de cette tactique à celle qu’adoptent en pareil cas les chasseurs de Grillons. Pourquoi cette visite domiciliaire qui précède invariablement l’introduction du gibier ? Ne se peut-il pas qu’avant de descendre avec un fardeau embarrassant, le Sphex ne juge prudent de donner un coup d’œil au fond du logis pour s’assurer que tout y est en ordre, pour chasser au besoin quelque parasite effronté qui aurait pu s’y introduire en son absence ? Quel est alors ce parasite ? Divers Diptères, moucherons de rapine, des Tachinaires surtout, veillent aux portes de tous les hyménoptères chasseurs, épiant le moment favorable de déposer leurs œufs sur le gibier d’autrui ; mais aucun ne pénètre dans le domicile et ne se hasarde dans des couloirs obscurs où le propriétaire, s’il venait par malheur à s’y trouver, leur ferait peut-être chèrement payer leur audace. Le Sphex, tout comme les autres, paie son tribut aux rapines des Tachinaires ; mais ceux-ci n’entrent jamais dans le terrier pour commettre leur méfait. N’ont-ils pas d’ailleurs tout le temps nécessaire pour déposer leurs œufs sur le Grillon ? S’ils sont vigilants, ils sauront bien profiter de l’abandon momentané de la victime pour lui confier leur postérité. Quelque danger plus grand encore menace donc le Sphex, puisque sa descente préalable