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quelques petits mamelons couronnés d’une touffe de gazon ou d’armoise, quelques plis consolidés par les maigres racines de la végétation qui les recouvre ; c’est sur le flanc de ces rides qu’est établi le repaire du Sphex. La galerie se compose d’abord d’une portion horizontale, de deux à trois pouces de profondeur et servant d’avenue à la retraite cachée, destinée aux provisions et aux larves. C’est dans ce vestibule que le Sphex s’abrite pendant le mauvais temps ; c’est là qu’il se retire la nuit et se repose le jour quelques instants, montrant seulement au dehors sa face expressive, ses gros yeux effrontés. À la suite du vestibule survient un coude brusque, plongeant plus ou moins obliquement à une profondeur de deux à trois pouces encore, et terminé par une cellule ovalaire d’un diamètre un peu plus grand et dont l’axe le plus long est couché suivant l’horizontale. Les parois de la cellule ne sont crépies d’aucun ciment particulier ; mais, malgré leur nudité, on voit qu’elles ont été l’objet d’un travail plus soigné. Le sable y est tassé, égalisé avec soin sur le plancher, sur le plafond, sur les côtés, pour éviter des éboulements, et pour effacer les aspérités qui pourraient blesser le délicat épiderme de la larve. Enfin cette cellule communique avec le couloir par une entrée étroite, juste suffisante pour laisser passer le Sphex chargé de sa proie.

Quand cette première cellule est munie d’un œuf et des provisions nécessaires, le Sphex en mure l’entrée, mais il n’abandonne pas encore son terrier. Une seconde cellule est creusée à côté de la première et approvisionnée de la même façon, puis une troisième et quelquefois enfin une quatrième. C’est alors seulement que le Sphex rejette dans le terrier tous les déblais amassés devant la porte, et qu’il efface complètement les traces extérieures de son travail. Ainsi, à chaque terrier, il correspond ordinairement trois cellules, rarement deux, et plus rarement encore quatre. Or,