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pour le délicat chasseur ; ils ont dans leurs nombreux représentants les tailles les plus variées, proportionnées à la taille des divers ravisseurs, qui peuvent ainsi choisir à leur convenance ; ils sont beaucoup plus que tous les autres vulnérables au seul point où l’aiguillon de l’Hyménoptère puisse pénétrer avec succès, car en ce point se pressent, tous aisément accessibles au dard, les centres moteurs des pattes et des ailes. En ce point, pour les Charançons, les trois ganglions thoraciques sont très-rapprochés, les deux derniers même sont contigus ; en ce même point, pour les Buprestes, le second et le troisième sont confondus en une seule et grosse masse, à peu de distance du premier. Et ce sont précisément des Buprestes et des Charançons que nous voyons chasser, à l’exclusion absolue de tout autre gibier, par les huit espèces de Cerceris dont l’approvisionnement en Coléoptères est constaté ! Une certaine ressemblance intérieure, c’est-à-dire la centralisation de l’appareil nerveux, telle serait donc la cause qui, dans les repaires des divers Cerceris, fait entasser des victimes ne se ressemblant en rien pour le dehors.

Il y a dans ce choix, comme n’en ferait pas de plus judicieux un savoir transcendant, un tel concours de difficultés supérieurement bien résolues, que l’on se demande si l’on n’est pas dupe de quelque illusion involontaire, si des idées théoriques préconçues ne sont pas venues obscurcir la réalité des faits, enfin si la plume n’a pas décrit des merveilles imaginaires. Un résultat scientifique n’est solidement établi que lorsque l’expérience, répétée de toutes les manières, est venue toujours le confirmer. Soumettons donc à l’épreuve expérimentale l’opération physiologique que vient de nous enseigner le Cerceris tuberculé. S’il est possible d’obtenir artificiellement ce que l’Hyménoptère obtient avec son aiguillon, savoir l’abolition du mouvement