Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.


V

UN SAVANT TUEUR



L’Hyménoptère vient de nous révéler en partie son secret en nous montrant le point qu’atteint son aiguillon. La question est-elle avec cela résolue ? Pas encore, et de bien s’en faut. Revenons en arrière : oublions un instant ce que la bête vient de nous apprendre, et proposons-nous à notre tour le problème du Cerceris. Le problème est celui-ci : Emmagasiner sous terre, dans une cellule, un certain nombre de pièces de gibier, qui puissent suffire à la nourriture de la larve, provenant de l’œuf pondu sur l’amas de vivres.

Tout d’abord cet approvisionnement paraît chose bien simple ; mais la réflexion ne tarde pas à y découvrir les plus graves difficultés. Notre gibier à nous est abattu par exemple d’un coup de feu : il est tué avec d’horribles blessures. L’Hyménoptère a des délicatesses qui nous sont inconnues : il veut une proie intacte, avec toutes ses élégances de forme et de coloration. Pas de membres fracassés, pas de plaies béantes, pas de hideux éventrements. Sa proie a toute la fraîcheur de l’insecte vivant ; elle conserve, sans un