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de profondes retraites où ils doivent s’enfermer avec leur butin. Cet outillage est comme un musée technologique, où tous les instruments de fouille seraient représentés. Il y a là des pièces qui semblent imitées de celles de l’industrie humaine ; il y en a d’autres d’un type original, où nous pourrions nous-mêmes prendre modèle pour de nouvelles combinaisons.

Le Copris espagnol porte sur le front une vigoureuse corne, pointue et recourbée en arrière, pareille à la longue branche d’un pic. À semblable corne, le Copris lunaire adjoint deux fortes pointes taillées en soc de charrue, issues du thorax ; et entre les deux, une protubérance à arête vive faisant office de large racloir. Le Bubas Bubale et le Bubas Bison, tous les deux confinés aux bords de la Méditerranée, sont armés sur le front de deux robustes cornes divergentes, entre lesquelles s’avance un soc horizontal fourni par le corselet. Le Minotaure Typhée porte sur le devant du thorax, trois pointes d’araire, parallèles et dirigées en avant, les latérales plus longues, la médiane plus courte. L’Onthophage taureau a pour outil deux pièces longues et courbes qui rappellent les cornes d’un taureau ; l’Onthophage fourchu a pour sa part une fourche à deux branches, dressées d’aplomb sur sa tête aplatie. Le moins avantagé est doué, tantôt sur la tête, tantôt sur le corselet, de tubercules durs, outils obtus que la patience de l’insecte sait toutefois très-bien utiliser. Tous sont armés de la pelle, c’est-à-dire qu’ils ont la tête large, plate et à bord tranchant ; tous font usage du râteau, c’est-à-dire qu’ils recueillent avec leurs pattes antérieures dentelées.

Comme dédommagement à sa besogne ordurière, plus d’un exhale l’odeur forte du musc, et brille sous le ventre du reflet des métaux polis. Le Géotrupe hypocrite a par dessous l’éclat du cuivre et de l’or ; le Géotrupe stercoraire a le ventre d’un violet améthyste.