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que l’animal manifeste encore ; et bien que l’irritabilité paraisse pour toujours anéantie, j’ai pu cependant en réveiller encore quelques vestiges. Ayant mis dans un flacon contenant de la sciure de bois humectée de quelques gouttes de benzine des Charançons récemment exhumés et plongés dans une immobilité absolue, je n’ai pas été peu surpris de les voir un quart d’heure après remuer leurs pattes. Un moment j’ai cru pouvoir les rappeler à la vie. Vain espoir ! ces mouvements, derniers vestiges d’une irritabilité qui va s’éteindre, ne tardent pas à s’arrêter, et ne peuvent pas être excités une seconde fois. J’ai recommencé cette expérience depuis quelques heures jusqu’à trois ou quatre jours après le meurtre, toujours avec le même succès. Cependant le mouvement est d’autant plus lent à se manifester que la victime est plus vieille. Ce mouvement se propage toujours d’avant en arrière : les antennes exécutent d’abord quelques lentes oscillations, puis les tarses antérieurs frémissent et prennent part à l’état oscillatoire ; enfin les tarses de seconde paire, et en dernier lieu ceux de troisième paire, ne tardent pas à en faire autant. Une fois l’ébranlement donné, ces divers appendices exécutent leurs oscillations sans aucun ordre, jusqu’à ce que le tout retombe dans l’immobilité, ce qui arrive plus ou moins promptement. À moins que le meurtre ne soit très-récent, l’ébranlement des tarses ne se communique pas plus loin, et les jambes restent immobiles.

Dix jours après le meurtre, je n’ai pu obtenir par le même procédé le moindre vestige d’irritabilité ; alors j’ai eu recours au courant voltaïque. Ce dernier moyen est plus énergique, et provoque des contractions musculaires et des mouvements là où la vapeur de benzine reste sans effet. Il suffit d’un ou deux éléments de Bunsen dont on arme les rhéophores d’aiguilles déliées. En plongeant la pointe de l’une sous l’anneau le plus