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le B. octo-guttata, ovale-oblong, à grandes taches d’un beau jaune sur un fond bleu ou vert ; le B. micans, qui a trois ou quatre fois le volume du B. biguttata et une couleur métallique d’un beau vert doré éclatant.

Il est encore dans les manœuvres de notre assassin des Buprestes, un fait des plus singuliers. Les Buprestes enterrés, ainsi que ceux dont je me suis emparé entre les pattes de leurs ravisseurs, sont toujours dépourvus de tout signe de vie ; en un mot, ils sont décidément morts. Je remarquai avec surprise que, n’importe l’époque de l’exhumation de ces cadavres, non-seulement ils conservaient toute la fraîcheur de leur coloris, mais ils avaient les pattes, les antennes, les palpes et les membranes qui unissent les parties du corps, parfaitement souples et flexibles. On ne reconnaissait en eux aucune mutilation, aucune blessure apparente. On croirait d’abord en trouver la raison, pour ceux qui sont ensevelis, dans la fraîcheur des entrailles du sol, dans l’absence de l’air et de la lumière ; et pour ceux enlevés aux ravisseurs, dans une mort très-récente.

Mais observez, je vous prie, que lors de mes expériences, après avoir placé isolément dans des cornets de papier les nombreux Buprestes exhumés, il m’est souvent arrivé de ne les enfiler avec des épingles qu’après trente-six heures de séjour dans les cornets. Eh bien ! malgré la sécheresse et la vive chaleur de juillet, j’ai toujours trouvé la même flexibilité dans leurs articulations. Il y a plus : après ce laps de temps, j’ai disséqué plusieurs d’entre eux, et leurs viscères étaient aussi parfaitement conservés que si j’avais posé le scalpel dans les entrailles encore vivantes de ces insectes. Or, une longue expérience m’a appris que, même dans un coléoptère de cette taille, lorsqu’il s’est écoulé douze heures depuis la mort en été, les organes intérieurs sont ou desséchés