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sant que les hauteurs de la cellule et la quantité de miel commencent à prendre des proportions par trop exagérées.

L’inverse n’est pas moins concluant. Au Chalicodome qui approvisionne, je donne un nid à cellule ébauchée, très insuffisante encore pour recevoir la pâtée. Cette cellule, humide en sa dernière assise de la salive de son constructeur, peut se trouver ou non accompagnée d’autres cellules contenant œuf et miel et récemment scellées. L’Hyménoptère, dont elle remplace le magasin à miel en partie plein, se montre fort embarrassé quand il arrive avec sa récolte devant ce godet imparfait, sans profondeur, où l’approvisionnement ne pourrait trouver place. Il l’examine, la sonde du regard, la jauge avec les antennes et en reconnaît la capacité insuffisante. Longtemps il hésite, s’en va, revient, s’envole encore et retourne bientôt, pressé de déposer ses richesses. L’embarras de l’insecte est des plus manifestes. Prends du mortier, ne pouvais-je m’empêcher de dire en moi-même ; prends du mortier et achève le magasin. C’est travail de quelques instants, et tu auras réservoir profond comme il convient. – L’Hyménoptère est d’un autre avis : il approvisionnait, il doit approvisionner quand même. Jamais il ne se décidera à quitter la brosse à pollen pour la truelle à mortier ; jamais il ne suspendra la récolte qui l’occupe en ce moment pour se livrer au travail de construction dont l’heure n’est pas venue. Il ira plutôt à la recherche d’une cellule étrangère, en l’état qu’il désire, et s’y introduira pour y loger son miel, dût-il recevoir furieux accueil du propriétaire survenant. Il part, en effet, pour tenter l’aventure. Je lui souhaite succès, étant moi-même cause de cet acte désespéré. Ma curiosité vient de faire d’un honnête ouvrier un voleur.

Les choses peuvent prendre tournure encore plus grave, tant est inflexible, impérieux, le désir de mettre