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Nos pays en ont deux : le Chalicodome des murailles (Chalicodoma muraria), celui dont Réaumur a magistralement donné l’histoire ; et le Chalicodome de Sicile (Chalicodoma sicula), qui n’est pas spécial aux pays de l’Etna, comme son nom pourrait le faire croire, mais se retrouve en Grèce, en Algérie et dans la région méditerranéenne de la France, en particulier dans le département de Vaucluse, où il est un des Hyménoptères les plus abondants au mois de mai. Dans la première espèce, les deux sexes sont de coloration si différente, qu’un observateur novice, tout surpris de les voir sortir d’un même nid, les prend d’abord pour des étrangers l’un à l’autre. La femelle est d’un superbe noir velouté avec les ailes d’un violet sombre. Chez le mâle, ce velours noir est remplacé par une toison d’un roux ferrugineux assez vif. La seconde espèce, de taille bien moins grande, n’a pas cette opposition de couleurs ; les deux sexes y portent même costume, mélange diffus de brun, de roux et de cendré. Enfin le bout de l’aile, lavé de violacé sur un fond rembruni, rappelle, mais de loin, la riche pourpre de la première. Les deux espèces commencent leur travail à la même époque, vers les premiers jours du mois de mai.

Comme support de son nid, le Chalicodome des murailles fait choix, dans les provinces du nord, ainsi que nous l’apprend Réaumur, d’une muraille bien exposée au soleil et non recouverte de crépi, qui, se détachant, compromettrait l’avenir des cellules. Il ne confie ses constructions qu’à des fondements solides, à la pierre nue. Dans le Midi, je lui reconnais même prudence ; mais, j’ignore pour quel motif, à la pierre de la muraille, il préfère généralement ici une autre base. Un caillou roulé, souvent guère plus gros que le poing, un de ces galets dont les eaux de la débâcle glaciaire ont recouvert les terrasses de la vallée du Rhône, voilà le support de prédilection. L’extrême abondance