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milieu, une chaise veuve de sa paille, un tableau noir et un bâton de craie.

Matin et soir, au son de la cloche ; on lâchait là-dedans une cinquantaine de galopins, qui, n’ayant pu mordre au De Viris et à l’Epitoine, étaient voués, comme on disait alors, à quelques bonnes années de français. Le rebut de Rosa la rose venait chercher chez moi un peu d’orthographe.

Enfants et grands garçons étaient là pêle-mêle, d’instruction très diverse, mais d’une désespérante unanimité pour faire des niches au maître, au jeune maître dont quelques-uns avaient l’âge ou même le dépassaient.

Aux petits, j’enseignais à déchiffrer les syllabes ; aux moyens, j’apprenais à tenir correctement la plume pour écrire quelques mots de dictée sur les genoux ; aux grands, je dévoilais les secrets des fractions et même les arcanes de l’hypoténuse. Et pour tenir en respect ce monde remuant, donner à chaque intelligence travail suivant ses forces, tenir en éveil l’attention, chasser enfin l’ennui de la sombre salle, dont les murailles suaient la tristesse encore plus que l’humidité, j’avais pour unique ressource la parole, pour unique mobilier le bâton de craie.

Même dédain, du reste, dans les autres classes pour tout ce qui n’était pas latin ou grec. Un trait suffira pour montrer où en était l’enseignement des sciences physiques, à qui si large place est faite aujourd’hui. Le collège avait pour principal un excellent homme, le digne abbé X***, qui, peu soucieux d’administrer lui-même les pois verts et le lard, avait abandonné le commerce de la soupe à quelqu’un de sa parenté, et s’était chargé d’enseigner la physique.

Assistons à l’une de ses leçons. Il s’agit du baromètre. De fortune, l’établissement en possède un. C’est une vieille machine, toute poudreuse, appendue au mur, loin des mains profanes et portant inscrits, sur sa