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couloir est aussitôt trouvé. Je l’arrête, pour le chasser au loin une seconde fois.

Cette précision avec laquelle l’Hyménoptère s’abat devant sa porte, masquée cependant d’une façon si nouvelle pour lui, n’est-elle pas la preuve que la vue et le souvenir ne sont pas ici les seuls guides ? Que peut-il y avoir de plus ? Serait-ce l’odorat ? C’est fort douteux, car les émanations du crottin n’ont pu mettre en défaut la perspicacité de l’insecte. Essayons néanmoins une autre odeur. J’ai sur moi précisément, faisant partie de mon bagage entomologique, un petit flacon d’éther. La nappe de fumier est balayée et remplacée par un matelas de mousse, peu épais mais à grande surface, et sur lequel je verse le contenu de mon flacon aussitôt que je vois le Bembex arriver. Trop fortes, les vapeurs éthérées tiennent d’abord l’Hyménoptère à distance. C’est l’affaire d’un instant. Puis l’Hyménoptère s’abat sur la mousse, répandant encore une odeur très sensible d’éther ; il traverse l’obstacle et pénètre chez lui. Les effluves éthérés ne le déroutent pas mieux que les effluves stercoraux. Quelque chose de plus sûr que l’odorat lui dit où est son nid.

Fréquemment on a fait intervenir les antennes comme siège d’un sens spécial apte à guider les insectes. J’ai déjà montré comment la suppression de ces organes paraît n’entraver en rien les recherches des Hyménoptères. Essayons encore une fois, dans de plus larges conditions. Le Bembex est saisi, amputé de ses antennes jusqu’à la racine, et aussitôt relâché. Aiguillonné par la douleur, affolé par sa captivité entre mes doigts, l’insecte part plus rapide qu’un trait. Il me faut attendre une grosse heure, très incertain du retour. L’Hyménoptère arrive pourtant, et, avec son invariable précision, s’abat tout près de sa porte, dont j’ai pour la quatrième fois changé le décor. L’emplacement du nid est maintenant couvert d’une mosaïque de cailloux de la gros-