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Le hamac de soie pure et l’hémisphère qui plus tard le ferme ne sont, on le voit, qu’un échafaudage destiné à servir d’appui à la maçonnerie de sable et à lui donner une régulière courbure ; on pourrait les comparer aux cintres en charpente que les constructeurs disposent pour bâtir un arceau, une voûte. Le travail fini, la charpente est retirée, et la voûte se soutient par son propre équilibre. De même, quand le cocon est achevé, le support de soie disparaît, en partie noyé dans la maçonnerie, en partie détruit par le contact de la terre grossière ; et aucune trace ne reste de l’ingénieuse méthode suivie pour assembler en édifice d’une parfaite régularité des matériaux aussi mobiles que le sable.

La calotte sphérique formant l’embouchure de la nasse initiale est un travail à part, rajusté au corps principal du cocon. Si bien conduits que soient le raccordement et la soudure des deux pièces, la solidité n’est pas celle qu’obtiendrait la larve en maçonnant d’une manière continue l’ensemble de sa demeure. Il y a donc sur le pourtour du couvercle une ligne circulaire de moindre résistance. Mais ce n’est pas là vice de structure ; c’est, au contraire, nouvelle perfection. Pour sortir plus tard de son coffre-fort, l’insecte éprouverait de graves difficultés, tant les parois sont résistantes. La ligne de jonction, plus faible que les autres, lui épargne apparemment bien des efforts, car c’est en majeure partie suivant cette ligne que se détache le couvercle, lorsque le Bembex sort de terre à l’état parfait.

J’ai appelé ce cocon coffre-fort. C’est, en effet, pièce très solide, tant à cause de sa configuration que de la nature de ses matériaux. Éboulements et tassements de terrain ne peuvent le déformer, car la plus forte pression des doigts ne parvient pas toujours à l’écraser. Peu importe donc à la larve que le plafond de son