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industrie, à la petite quantité de soie dont elle dispose. Avec des grains de sable artistement assemblés, cimentés entre eux au moyen de la matière soyeuse, elle se construit un cocon des plus solides, où l’humidité ne peut pénétrer.

Trois méthodes générales sont employées par les Hyménoptères fouisseurs dans la confection de l’habitacle où doit s’effectuer la métamorphose. Les uns creusent leurs terriers à de grandes profondeurs, sous des abris ;; leur cocon est alors composé d’une seule enceinte, assez mince pour être transparente. Tel est le cas des Philanthes et des Cerceris. D’autres se contentent d’un terrier peu profond, dans un sol découvert ; mais alors, tantôt ils ont assez de soie pour multiplier les assises du cocon, comme le font les Sphex, les Ammophiles, les Scolies ; tantôt, la quantité de soie étant insuffisante, ils ont recours au sable agglutiné, ainsi que le pratiquent les Bembex, les Stizes, les Palares. On prendrait le cocon des Bembéciens pour le robuste noyau de quelque semence, tant il est compact et résistant. Sa forme est cylindrique, avec une extrémité en calotte sphérique et l’autre pointue. Sa longueur mesure une paire de centimètres. À l’extérieur, il est légèrement rugueux, d’aspect assez grossier ; mais en dedans la paroi est glacée d’un fin vernis.

Mes éducations en domesticité m’ont permis de suivre dans tous ses détails la construction de cette curieuse pièce d’architecture, vrai coffre-fort où se bravent en sécurité les intempéries. La larve repousse d’abord autour d’elle les débris de ses vivres et les refoule dans un coin de la cellule ou compartiment que je lui ai ménagé dans une boîte avec des cloisons de papier. L’emplacement nettoyé, elle fixe aux diverses parois de sa demeure des fils d’une belle soie blanche, formant une trame aranéeuse, qui maintient à distance l’encombrant monceau des restes alimentaires, et sert d’échafaudage pour le travail suivant.