Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour exterminer la calamiteuse engeance du voisinage du terrier ? Une battue, pour lui affaire de quelques instants. Mais ainsi ne le veulent pas les lois harmoniques de la conservation des êtres ; et les Bembex se laisseront toujours harceler, sans que jamais le fameux combat pour l’existence leur apprenne le moyen radical de l’extermination. J’en ai vu qui, serrés de trop près par les moucherons, laissaient tomber leur proie et précipitamment s’enfuyaient affolés, mais sans aucune démonstration hostile, quoique la chute du fardeau leur laissât pleine liberté de mouvements. La proie lâchée, si ardemment convoitée tout à l’heure par les Tachinaires, gisait à terre, à la discrétion de tous, et nul n’en faisait cas. Ce gibier en plein air était sans valeur pour les moucherons, dont les larves réclament l’abri d’un terrier. Il était sans valeur aussi pour le Bembex soupçonneux, qui, de retour, le palpait un moment et l’abandonnait avec dédain. Une interruption momentanée de surveillance lui avait rendu la pièce suspecte.

Terminons ce chapitre par l’histoire de la larve. Sa vie monotone ne présente rien de remarquable pendant les deux semaines que durent son repas et sa croissance. Puis arrive la construction du cocon. Le parcimonieux développement des organes sérifiques ne permet pas au ver une demeure de soie pure, composée, comme celle des Ammophiles et des Sphex, de plusieurs enceintes qui superposent leurs barrières pour défendre la larve et plus tard la nymphe de l’accès de l’humidité, dans un terrier peu profond et mal protégé, quand viennent les pluies de l’automne et les neiges de l’hiver. Cependant le terrier des Bembex est dans des conditions plus mauvaises que ne l’est celui du Sphex, puisqu’il est situé à quelques pouces de profondeur dans un sol des plus perméables. Aussi, pour se créer un abri suffisant, la larve supplée, par son