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main je sers 2 Éristales et 4 Mouches domestiques. Il y en eut assez pour la journée, mais pas de reste. Je continuai de la sorte pendant huit jours, donnant chaque matin au ver ration plus copieuse. Le neuvième, la larve refuse toute nourriture et se met à filer son cocon. Le relevé de ses huit jours de bombance se chiffre par le nombre de 62 pièces, composées principalement d’Éristales et de Mouches domestiques ; ce qui, joint aux 20 pièces trouvées entières ou en débris dans la cellule, forme un total de 82.

Il est possible que je n’aie pas élevé ma larve avec la sobriété hygiénique et la sage épargne qu’eût observées la mère ; il y a eu peut-être du gaspillage dans des vivres servis quotidiennement en une seule fois et abandonnés à l’entière discrétion du ver. En quelques circonstances, j’ai cru reconnaître que les choses ne se passent pas ainsi dans la cellule maternelle, car mes notes relatent des faits dans le genre du suivant. – Dans les sables des alluvions de la Durance, je mets à découvert un terrier où l’Hyménoptère (Bembex oculata) vient de pénétrer avec un Sarcophaga agricola. Au fond du clapier, je trouve une larve, de nombreux débris et quelques Diptères complets, savoir : 4 Sphœrophoria scripta, 1 Onesia viarum, et 2 Sarcophaga agricola dont fait partie celui que le Bembex vient d’apporter sous mes yeux. Or, il est à remarquer qu’une moitié de ce gibier, les Sphérophories, est tout au fond de la cellule, sous la dent même de la larve ; tandis que l’autre moitié est encore dans la galerie, sur le seuil de la cellule, et par conséquent hors des atteintes du ver, incapable de se déplacer. Il me paraît donc que la mère dépose provisoirement ses captures, lorsque la chasse abonde, sur le seuil de la cellule, et forme un magasin de réserve où elle puise à mesure qu’il en est besoin, surtout en des jours pluvieux pendant lesquels tout travail chôme.