Page:Fabre - Souvenirs entomologiques, première série, 1916.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

ressortir pour la chasse. Bref, le Bembex élève sa famille au jour le jour, sans provisions amassées d’avance, comme le fait l’oiseau apportant la becquée à ses petits encore au nid. Des preuves multipliées qui mettent en évidence ce genre d’éducation, bien singulier pour un Hyménoptère alimentant sa famille de proie, j’ai déjà cité la présence de l’œuf dans une cellule où ne se trouve, pour provision, qu’un petit Diptère, toujours un seul, jamais plus. Une autre preuve est la suivante, qui n’exige pas un moment spécial pour être constatée.

Fouillons le terrier d’un Hyménoptère qui fait les provisions de ses larves à l’avance : si nous choisissons le moment où l’insecte pénètre chez lui avec une proie, nous trouverons dans la cellule un certain nombre de victimes, approvisionnement commencé, jamais alors de larve, pas même d’œuf, car celui-ci n’est pondu que lorsque les vivres sont au grand complet. La ponte faite, la cellule est close, et la mère n’y revient plus. C’est donc uniquement dans des terriers où les visites de la mère ne sont plus nécessaires qu’il est possible de trouver des larves à côté des vivres plus ou moins entassés. Visitons, au contraire, le domicile d’un Bembex, au moment où celui-ci entre avec le produit de sa chasse. Nous sommes certains de trouver dans la cellule une larve, plus grosse ou plus petite, au milieu de débris de vivres déjà consommés. La ration que la mère apporte maintenant est donc destinée à la continuation d’un repas qui dure déjà depuis plusieurs jours et doit continuer encore avec le produit des chasses futures. S’il nous est donné de faire cette fouille sur la fin de l’éducation, avantage que j’ai eu aussi souvent que je l’ai désiré, nous trouverons, sur un copieux monceau de débris, une grosse larve ventrue, à laquelle la mère apporte encore des victuailles fraîches. Le Bembex ne cesse l’approvisionnement et ne quitte pour tou-