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en temps opportun. Si j’avais négligé de me munir de ce meuble, embarrassant pour une longue course, la seule ressource contre une insolation était de me coucher tout au long derrière quelque butte de sable ; et lorsque les artères étaient par trop en ébullition dans les tempes, le moyen suprême consistait à m’abriter la tête à l’entrée de quelque terrier de lapin. Telles sont les sources de fraîcheur au bois des Issarts.

Le sol non occupé par les bouquets de végétation ligneuse est à peu près nu et se compose d’un sable fin, aride et très mobile, que le vent amoncelle en petites dupes partout où les souches et les racines des chênes verts forment obstacle à sa dissémination. La pente de ces dunes est en général bien unie, à cause de l’extrême mobilité des matériaux, qui s’éboulent dans la moindre dépression et rétablissent d’eux-mêmes la régularité des surfaces. Il suffit de plonger le doigt dans le sable et de le retirer pour amener aussitôt un éboulis qui comble la cavité et rétablit les choses en l’état primitif, sans laisser de trace visible. Mais à une certaine profondeur, variable suivant l’époque plus ou moins reculée des dernières pluies, le sable conserve un reste d’humidité qui le maintient en place, et lui donne la consistance nécessaire pour être creusé de légères excavations sans affaissement des parois et de la voûte. Un soleil ardent, un ciel magnifiquement bleu, des pentes qui cèdent sans la moindre difficulté aux coups de râteau de l’Hyménoptère, du gibier en abondance pour la nourriture des larves, un emplacement paisible que ne trouble presque jamais le pied du passant, tout est réuni en ce lieu de délices des Bembex. Assistons à l’œuvre de l’industrieux insecte.

Si le lecteur veut prendre place avec moi sous le parapluie, ou profiter de mon terrier de lapin, voici le spectacle auquel il est convié vers la fin de juillet. Un Bembex (B. restrata) brusquement survient, je ne sais