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XVI

LES BEMBEX




Non loin d’Avignon, sur la rive droite du Rhône, en face de l’embouchure de la Durance, se trouve l’un de mes points favoris pour les observations que je vais rapporter. C’est le bois des Issarts. Que l’on ne se méprenne pas sur la valeur de ce mot, le bois éveillant en général dans l’esprit l’idée d’un sol matelassé d’un frais tapis de mousse, et l’idée du couvert d’une haute futaie d’où descend un demi-jour tamisé par le feuillage. Les plaines brûlées, où grince la Cigale sur le pâle olivier, ne connaissent pas ces délicieuses retraites remplies d’ombre et de fraîcheur.

Le bois des Issarts est un taillis de chênes verts, à hauteur d’homme, clairsemés par maigres touffes qui tempèrent à peine à leur pied les ardeurs du soleil. Lorsque, par les jours caniculaires de juillet et d’août, je m’établissais des après-midi en quelque point du taillis favorable à mes observations, j’avais pour refuge un grand parapluie qui, plus tard, vint, de la manière la plus inattendue, me prêter un concours bien précieux sous un autre rapport, ainsi que mon récit l’établira