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cupation. Puis un trait de génie met fin à ces perplexités. « Qui sait ce qu’il y a là-dessous ? » — La pilule est donc explorée par la base, et une fouille légère a bientôt mis l’épingle à découvert. Aussitôt il est reconnu que le nœud de la question est là.

Si j’avais eu voix délibérative au conseil, j’aurais dit : Il faut pratiquer une excavation et extraire le pieu qui fixe la boule. — Ce procédé, le plus élémentaire de tous et d’une mise en pratique facile pour des fouilleurs aussi experts, ne fut pas adopté, pas même essayé. Le bousier trouva mieux que l’homme. Les deux collègues, qui d’ici, qui de là, s’insinuent sous la boule, laquelle glisse d’autant et remonte le long de l’épingle à mesure que s’enfoncent les coins vivants. La mollesse de la matière, qui cède en se creusant d’un canal sous la tête du pieu inébranlable, permet cette habile manœuvre. Bientôt la pelote est suspendue à une hauteur, égale à l’épaisseur du corps des Scarabées. Le reste est plus difficile. Les bousiers, d’abord couchés à plat, se dressent peu à peu sur les jambes, poussant toujours sur le dos. C’est dur à venir à mesure que les pattes perdent de leur puissance en se redressant davantage ; mais enfin cela vient. Puis un moment arrive où la poussée avec le dos n’est plus praticable, la hauteur limite étant atteinte. Un dernier moyen reste, mais bien moins favorable au développement de force. Tantôt dans l’une, tantôt dans l’autre de ses postures d’attelage, c’est-à-dire la tête en bas ou bien la tête en haut, l’insecte pousse soit avec les pattes postérieures, soit avec les pattes antérieures. Finalement, la boule tombe à terre, si l’épingle toutefois n’est pas trop longue. L’éventrement de la pilule par le pieu est tant bien que mal réparé et le charroi aussitôt recommence.

Mais si l’épingle est d’une longueur trop considérable, la pelote, encore solidement fixée, finit par être