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argentée, me paraît inconnu des deux autres espèces. Je n’ai jamais vu du moins leur logis protégé d’un couvercle. Cette absence de clôture temporaire semble s’imposer du reste à l’Ammophile hérissée. À ce qu’il m’a paru, celle-ci, en effet, chasse d’abord sa proie et fouit après son terrier non loin du lieu de capture. La mise en magasin des vivres étant de la sorte possible à l’instant même, il est inutile de se mettre en frais d’un couvercle. Quant à l’Ammophile soyeuse, je lui soupçonne un autre motif pour ignorer l’emploi de la provisoire fermeture. Tandis que les trois autres ne mettent qu’une seule Chenille dans chaque terrier, elle en met jusqu’à cinq, mais beaucoup plus petites. De même que nous négligeons de fermer une porte à passages fréquents de même l’Ammophile soyeuse néglige peut-être la précaution de la dalle pour un puits où elle doit descendre, au moins à cinq reprises, dans un bref laps de temps.

Pour toutes les quatre, les provisions de bouche des larves consistent en Chenilles de Papillons nocturnes. L’Ammophile soyeuse fait choix, mais non exclusif, des Chenilles fluettes, allongées, qui marchent en bouclant le corps et en le débouclant. Leur allure de compas, qui cheminerait en s’ouvrant et se fermant tour à tour, leur a fait donner le nom expressif de Chenilles arpenteuses. Le même terrier réunit des vivres à coloration très variée ; preuve que l’Ammophile chasse indifféremment toutes les espèces d’arpenteuses, pourvu qu’elles soient de petite taille, car le chasseur lui-même est bien faible, et sa larve ne doit pas faire copieuse consommation malgré les cinq pièces de gibier qui lui sont servies. Si les arpenteuses manquent, l’Hyménoptère se rabat sur d’autres Chenilles tout aussi menues. Roulées en cercle par l’effet de la piqûre qui les a paralysées, les cinq pièces sont empilées dans la cellule ; celle qui termine la pile porte l’œuf, pour lequel ces provisions sont faites.