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XIII

UNE ASCENSION AU MONT VENTOUX




Par un isolement, qui lui laisse, sur toutes les faces, exposition libre à l’influence des agents atmosphériques ; par son élévation, qui en fait le point culminant de la France en deçà des frontières soit des Alpes, soit des Pyrénées, le mont pelé de la Provence, le mont Ventoux, se prête, avec une remarquable netteté, aux études de la distribution des espèces végétales suivant le climat. À la base, prospèrent le frileux Olivier et cette multitude de petites plantes demi-ligneuses, telles que le Thym dont les aromatiques senteurs réclament le soleil des régions méditerranéennes ; au sommet, couvert de neige au moins la moitié de l’année, le sol se couvre d’une flore boréale, empruntée en partie aux plages des terres arctiques. Une demi-journée de déplacement suivant la verticale fait passer sous les regards la succession des principaux types végétaux que l’on rencontrerait en un long voyage du sud au nord, suivant le même méridien. Au départ, vos pieds foulent les touffes balsamiques du Thym, qui forme tapis continu sur les croupes inférieures ; dans quelques heures, ils