cycle dévolu à l’animal ; pour l’instinct aussi, rien n’est facile si l’acte doit s’écarter des voies habituellement suivies. L’insecte qui nous émerveille, qui nous épouvante de sa haute lucidité, un instant après, en face du fait le plus simple, mais étranger à sa pratique ordinaire, nous étonne par sa stupidité. Le Sphex va nous en fournir des exemples.
Suivons-le traînant l’Éphippigère au logis. Si le hasard nous sourit, peut-être assisterons-nous à une petite scène dont je retrace ici le tableau. En pénétrant dans l’abri sous roche où le terrier est pratiqué, l’Hyménoptère y trouve, perchée sur un brin d’herbe, une Mante religieuse, insecte carnivore, qui, sous un air patenôtrier, cache des mœurs de cannibale. Le danger que lui fait courir ce bandit embusqué sur son passage doit être connu du Sphex, car celui-ci laisse là son gibier et bravement court sus à la Mante pour lui administrer quelques chaudes bourrades, la déloger ou du moins l’effrayer, lui imposer respect. Le bandit ne bouge pas, mais ferme sa machine de mort, les deux terribles scies du bras et de l’avant-bras. Le Sphex revient audacieusement passer sous le brin d’herbe où l’autre est perché. À la direction de sa tête, on reconnaît qu’il est sur ses gardes, et qu’il tient l’ennemi cloué, immobile, sous la menace du regard. Tant de bravoure a la récompense qu’elle mérite : la proie est emmagasinée sans autre mésaventure.
Encore un mot sur la Mante religieuse, lou Prégo Diéou comme on dit en Provence, la bête qui prie Dieu. En effet, ses longues ailes d’un vert tendre, pareilles à d’amples voiles, sa tête levée au ciel, ses bras repliés, croisés sur la poitrine, lui donnent un faux air de norme en extase. Féroce bête cependant, amie du carnage. Sans être ses points de prédilection, les chantiers des divers Hyménoptères fouisseurs reçoivent assez