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XI

SCIENCE DE L'INSTINCT




Pour paralyser sa proie, le Sphex languedocien suit, je n’en doute pas, la méthode du chasseur de Grillons, et plonge à diverses reprises son stylet dans la poitrine de l’Éphippigère afin d’atteindre les ganglions thoraciques. Le procédé de la lésion des centres nerveux doit lui être familier, et je suis convaincu d’avance de son habileté consommée dans la savante opération. C’est là un art connu à fond de tous les Hyménoptères déprédateurs, portant une dague empoisonnée, qui ne leur a pas été donnée en vain. Je dois toutefois avouer n’avoir pu encore assister à la manœuvre assassine. Cette lacune a pour cause la vie solitaire du Sphex.

Lorsque, sur un emplacement commun, de nombreux terriers sont creusés et approvisionnés ensuite, il suffit d’attendre sur les lieux pour voir arriver les chasseurs, tantôt l’un, tantôt l’autre, avec le gibier saisi. Il est alors facile d’essayer sur les arrivants la substitution d’une proie vivante à la pièce sacrifiée, et de renouveler l’épreuve aussi souvent qu’on le désire. En outre, la certitude de ne pas manquer de sujets d’observation,